François Haffner

François Haffner, le gourmet du jeu

François Haffner s’assoit à une table de jeu comme à celle d’un bon restaurant. Que ce soit pour « découvrir de nouvelles saveurs » ou tout simplement jouir d’une recette qui a déjà fait ses preuves, le collectionneur qui a « plus de 3000 boîtes » dans sa ludothèque cultive le plaisir de la gastronomie comme celui du jeu. Et ça se voit. Jovial et de bonne compagnie, ventre opulent, François Haffner a l’image du gaulois irréductible, un des rares de Lugdunum ayant résisté à l’envahisseur expansionniste. Que ce soit chez lui « avec sa belle-mère », chez des amis, ou dans des salons, tout est prétexte à jouer et partager un moment agréable et savoureux. Sa table sera toujours libre pour vous accueillir.

François Haffner est déjà passé plusieurs fois en cuisine. Bien qu’il ne « connaisse pas encore la recette d’un bon jeu », ses deux créations ont reçu des échos favorables dans le monde des ludophiles. Au festival international du jeu qui s’est tenu à Cannes du 21 au 25 février dernier, il présentait, accompagné de sa femme Chantal, sa dernière création, « Dalapapa ». Les petites tuiles rectangulaires aux points colorés que composent le jeu étaient appelés les « Dominos à papa » par les premiers cobayes de l’auteur. Longtemps resté en téléchargement gratuit sur son site Jeuxsoc, « Dalapapa » s’est fait un nom et méritait d’être commercialisé. Confronté à des « éditeurs frileux qui pensaient que le jeu serait trop cher », François Haffner a pris son mal en patience et s’est finalement associé avec Talent Cachet pour éditer son jeu « à compte d’auteur ».

A Cannes, on remettait l’As d’Or qui récompense le meilleur jeu en français sorti pendant l’année écoulée. Si l’As d’Or 2006, « Time’s Up », était l’illustration parfaite, celui de cette année, « Du Balai » de Bruno Cathala et Serge Laget, l’est beaucoup moins, car il « n’est pas familial », selon le « critique gastronomique » François Haffner. « Il divise le monde des joueurs en deux. L’As d’Or 2007 est un jeu de rapidité intellectuel. Certains ne peuvent pas gagner », ajoute le collectionneur. La sélection de cette année était de qualité. François Haffner n’aurait pas su quoi choisir entre la « choucroute » Caylus et « l’entrecôte » Vitrail, deux de ses coups de cœur.

« Incourtounable comme son auteur »

Pourtant, des choix, il en fait, sur son site Jeuxsoc qui accueille entre 3000 et 7500 visiteurs chaque jour. Lecteur régulier de Télérama depuis longtemps, ses J sur fond jaune rappellent les célèbres T noirs de l’hebdomadaire culturel et font office d’étoiles dans ce « Michelin » du jeu de société. Car il s’agît bien de jeux de société, un terme cher au missionnaire du jeu François Haffner. S’inspirant du livre « Le jeu vous va si bien » de Pascal Deru, le collectionneur veut porter « la bonne parole du jeu », la seule activité qui peut réunir tous les âges de 4 à 99 ans.

« En France, il y a encore du pain sur la planche. Contrairement à l’Allemagne, les rayons jeux des grands magasins ne sont pas assez fournis et ne proposent rien d’exceptionnel. En France, le jeu de société est associé au « Monopoly », « Trivial Poursuit » et « La Bonne Paye ». Même si ce sont de bons jeux, dans la mesure ils permettent de passer un moment agréable en famille, il en existe des mieux. Il est inadmissible qu’on ne trouve pas des jeux comme « les Colons de Catane » ou « Time’s Up » dans les supermarchés français. En France, on croit que le jeu « est réservé aux enfants, c’est faux. Le jeu est familial. C’est un moment de partage et d’échange privilégié entre les joueurs. »

Véritable acteur ludique, même sur ses lieux de vacances, François Haffner essaie de réunir les gens autour d’une table pour déguster un jeu en apéro. « J’invite toujours mes voisins de camping ou de chambre à faire une partie de « Mamma Mia ! » ou « Bohnanza ». Après, j’ai toujours droit à l’éternelle question : « Mais où avez-vous trouvé toutes ces merveilles ? » Le Père Noël du jeu apporte de la joie dans les familles avec ses jeux par milliers tout le long de l’année. Ne manquez pas sa tournée. Et si vous lui envoyez des lettres, soignez votre orthographe.

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