La randonnée, un voyage spirituel enrichissant

« Quand on commence à randonner, on ne peut plus s’arrêter. Cela devient une passion, car marcher permet de se surpasser et d’être en paix avec soi-même. En plus, on rencontre nos compatriotes des régions reculées qui nous accueillent souvent très chaleureusement. » Alae Sibari est devenu un adepte de la marche à pied : il est le vice-président des Pieds Marcheurs, une association casablancaise qui regroupe une soixantaine de membres et 200 invités et qui organise régulièrement des sorties dans la nature pendant une journée, un week-end ou une semaine entière.

La verdure de Benslimane, la cité antique de Volubilis ou les redoutables Toubkal et M’goun, deux des 4000 m marocains, l’adhérent peut choisir sa sortie selon la difficulté ou son envie. Si dans les pays européens, on voit surtout de retraités arpenter les sentiers, au Maroc, ce sont des jeunes cadres dynamiques ou des chefs d’entreprise âgés de 30 à 40 ans. Financièrement parlant, ce loisir reste quand même peu accessible pour le Marocain moyen. Selon la durée et la distance, les sorties coûtent en moyenne entre 800 et 1200 dh. À ce prix, il faut rajouter le montant de la cotisation annuelle, 5000 dh pour Les Pieds Marcheurs, 9000 dh pour le Club Alpin Français et l’achat du matériel personnel. La cotisation comprend une souscription à une assurance individuelle. Le prix des sorties inclut le transport, l’hébergement, la location des services des guides et des muletiers et des chameliers et la nourriture. Les groupes ne dépassent pas 16 personnes. Si on en a les moyens, intégrer une de ces associations permet de découvrir le pays et ses habitants dans des conditions optimales de confort.

Le Maroc veut développer ce tourisme, qu’on appelle solidaire : de plus en plus de tours opérateurs organisent pour les étrangers des séjours longs, d’une ou deux semaines, au pays berbère, sur les sommets de l’Atlas central, dans les déserts de l’Anti Atlas… L’agence Bahabaha, basée à Marrakech et gérée par Ibrahim Ouarzazi, est l’une d’elles. 99 % de sa clientèle sont européens. Vision du Monde, une agence française, propose également des voyages tout compris pour environ 1000 euros. Dommage qu’en même temps, beaucoup de ces mêmes agences développent les « randonnées » en engins à moteurs dans les mêmes régions.

Pour les randonneurs solitaires, l’exercice est bien plus périlleux. Joël, un jeune Français passionné de randonnée de passage au Maroc, déteste marcher en groupe : « Je conçois la randonnée comme une longue méditation. J’ai donc besoin d’être totalement seul pour pouvoir absorber pleinement les énergies puissantes des éléments qui m’entourent et me décharger des tensions accumulées dans les villes. » Le marcheur solitaire qui a usé ses souliers sur beaucoup de sentiers européens regrette de ne pas trouver de carte précise dans les librairies pour pouvoir partir librement à l’aventure. « Le Club Alpin Français m’a conseillé de contacter la direction de la cartographie à Rabat, mais je l’ai appelée plusieurs fois et je n’ai pas réussi à les joindre. Comme je ne suis que de passage, je trouverai une autre activité », se résigne le passionné. De plus, il n’existe quasiment pas de sentiers balisés. Alae Sibari rajoute : « je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas de magasins spécialisés dans les articles de randonnée. Decathlon s’était implanté à Casablanca, mais la société est partie il y a quatre ans. Aujourd’hui, on peut trouver des chaussures de bonne qualité assez facilement, mais pour le reste, notre association est obligée d’importer le matériel d’Europe. Cela revient très cher. »

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