Affaire Giraud Lherbier : double meurtre sans jugement

Trois ans d’enquête, deux meurtres, un suspect, aucun procès ni jugement, voilà où en est aujourd’hui l’affaire Giraud. Pourtant, les premiers résultats de l’enquête laissaient croire que ce double meurtre trouverait son meurtrier. Les deux trentenaires ont été aperçues vivantes pour la dernière fois le 1er novembre 2004 à La Postolle, dans l’Yonne, lieu de résidence secondaire de la famille Giraud. Les premières recherches lancées après leur disparition mènent rapidement à une piste. Jean-Pierre Treiber, garde-chasse exerçant en Seine-et-Marne, a récupéré les cartes bancaires des deux femmes, et s’en est servi à plusieurs reprises pour retirer de l’argent. Il possède aussi les clefs de leur appartement. Immédiatement écroué pour enlèvements, séquestrations vols et escroquerie, il n’a pas été libéré depuis.

Mais les charges reposant sur Jean-Pierre Treiber ne s’arrêtent pas là. La police se doute que Géraldine Giraud et Katia Lherbier, disparues depuis près d’un mois alors, ont probablement été assassinées. Des recherches sont entreprises sur la propriété du garde-chasse. Avec succès : début décembre, deux cadavres, cachés sous plusieurs mètres de charbon, y sont retrouvés au fond d’un puisard. L’expertise ADN est formelle : il s’agit bien des corps de Géraldine Giraud et de Katia Lherbier. Les deux femmes ont été empoissonnées avec de la chloropicrine. Les traces ADN de Jean-Pierre Treiber sont retrouvées sur les rubans adhésifs qui ont peut-être servi à bâillonner les victimes. Le 20 décembre, les funérailles ont lieu à La Postolle. Le même jour, Jean-Pierre Treiber est mis en examen pour assassinat. Les soupçons reposant sur lui s’alourdissent, mais le garde-chasse continue à clamer son innocence.

La longue recherche d’un complice

Les enquêteurs ont cependant du mal à croire que Jean-Pierre Treiber a enlevé, assassiné et enterré les deux femmes seul. Qui pourrait alors être son ou sa complice ? Et quel pourrait être le mobile du crime ? Comment a-t-il obtenu les codes des cartes bancaires ? Une connexion est établie entre Treiber et Marie-Christine Van Kempen, tante de Géraldine Giraud et ex-colocataire – peut-être compagne – de Katia Lherbier. Cette professeure de chant qui vit modestement à Sens aurait été aperçue dans un bar de Fontainebleau avec Jean-Pierre Treiber et son ex-compagne Patricia Darbeau quelques jours avant la disparition. Elle aurait donc pu engager le garde-chasse comme homme de main pour faire assassiner son ex-compagne et sa nouvelle amie. Mais cette thèse est fragile : seul un témoin affirme avoir vu les trois personnes dans ce bar. Par ailleurs, Patricia Darbeau est aujourd’hui quasiment mise hors de cause dans l’affaire.

La lettre dont « Le Figaro » a révélé l’existence relance la thèse du crime passionnel. Cette missive pourrait valoir un renvoi en cour d’assises à Marie-Christine Van Kempen, elle qui n’a passé que 31 heures en garde à vue depuis le début de l’affaire. Sinon, Jean-Pierre Treiber se retrouverait seul dans le box des accusés. Ce serait donc un crime crapuleux. Mais alors, les questions du mobile et du lien entre l’accusé et les victimes resteraient en suspens.

Par Yves Junger

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