La petite pièce qui avait beaucoup voyagé

Marcel reçut de la part de son grand-père une pièce de 2 euros, tout à fait ordinaire en apparence. Pourtant, la petite pièce toute ronde, un peu sale et un peu rouillée avait beaucoup voyagé avant de se retrouver dans les mains de cet enfant. En observant l’objet, Marcel qui était très curieux, s’écria : « Oh, c’est rigolo, cette petite poupée ! ». La pièce venait de Chypre, une île lointaine perdue dans la mer.
Si comme vous, Marcel avait la chance d’aller à l’école tous les jours à quelques pas de chez lui, il y eut un enfant du nom de Devrim qui ne pouvait pas faire pareil. L’île perdue dans la mer était partagée en deux par un immense mur gardé jour et nuit. Le petit Chypriote habitait un petit village près du mur, mais pour se rendre à son école, il devait aller dans la plus grande ville de l’île, de l’autre côté. Chaque jour, Devrim devait attendre son tour pour se retrouver nez-à-nez avec un garde. Si d’habitude, les gardiens le laissaient passer sans problème, un jour, alors qu’il vint seul parce que ses parents étaient trop occupés à travailler, le garde refusa qu’il passe de l’autre côté. L’homme aussi gros qu’un cochon dit méchamment : « Alors petit, tu es perdu ? ». Devrim qui était courageux lui répondit qu’il devait aller à l’école. Le garde un peu stupide ria aux éclats : « A l’école ? Mais ça ne sert à rien l’école ! ». Il ajouta : « Je veux bien te laisser passer, mais il faut que tu me donnes quelque chose. » Comme Devrim trouvait qu’il était plus important d’aller à l’école que de manger à midi, il donna une pièce de deux euros au gardien pour pouvoir passer. Le gardien ne changea pas d’avis : « Si tu crois que c’est avec une petite pièce que tu vas passer. Hors de ma vue, marmot ! », cria-t-il. Après s’être mis en colère, Devrim dut renoncer : un enfant ne peut pas faire grand chose face à la bêtise et la méchanceté d’un adulte.
Plus tard dans la journée, le gardien fit une pause au café du coin pour s’acheter une bière qu’il paya avec la pièce de deux euros que Devrim lui avait donné. Quelques minutes après, un touriste italien entra dans ce bar et commanda un café. Il tendit un billet de cinq euros au commerçant qui lui rendit la monnaie, deux pièces de deux euros. Et devinez quoi ? L’une d’elles était un peu sale et un peu rouillée.
Le touriste italien passa le mur sans difficulté et put prendre son avion vers Rome à temps. Arrivé chez lui, il posa ses affaires, se reposa un peu et mit ses plus beaux vêtements. Il avait rendez-vous avec sa bien-aimée. Comme le jeune homme aimait bien lui faire des surprises, il acheta une belle corbeille de fruits à la marchande de son quartier. « 22 euros », lui dit-elle, au moment où il passa à la caisse. Pour payer, il donna un billet de 20 euros et la pièce que Devrim avait donné au garde. La commerçante le remercia.
A la fin de la journée, l’épicière compta l’argent qu’elle avait dans la caisse, et échangea un de ses billets de cinq euros contre une pièce de deux euros et trois pièces de un. A côté de sa boutique, était assis un vieil homme aux habits troués, sales et odorants. C’était un clochard. La jeune femme généreuse lui donna la pièce de deux euros qu’elle avait dans son porte-monnaie, une pièce un peu sale et un peu rouillée. L’homme sourit, mais refusa poliment : il préférait manger un melon bien juteux. La marchande reprit la pièce et lui donna ce qu’il voulait. Après son service, elle alla s’acheter du pain dans la boulangerie-pâtisserie en face et rentra chez elle.
Le lendemain, devinez qui passait par là ? Le grand-père de Marcel bien sûr, en vacances à Rome. Comme tout le monde lui avait conseillé la pâtisserie en face de la marchande de fruits et de légumes, il y fit un tour. Il paraît que c’est là qu’on y fabriquait les meilleurs gâteaux de la ville. Avec un billet de cinq euros, il s’acheta trois croissants, et la vendeuse lui rendit une pièce de deux euros un peu sale et un peu rouillée.
Vous aurez maintenant compris comment la petite pièce de deux euros aura atterri dans les mains de Marcel. Personne ne sait ce que sont devenues les personnes qui l’avaient eue avant son grand-père, mais si vous les croisez un jour, racontez-leur cette histoire. Elle les fera peut-être rêver ou réfléchir.

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