L’eden

Seul au milieu d’une clairière, un arbre bien droit, robuste, au tronc couleur noisette entouré de feuilles vertes légèrement grisées. Près de ses racines, s’ouvre une fleur au cœur jaune et aux pétales d’un blanc lumineux. Le soleil vient de se lever. La forêt montre ses plus beaux atours. Lorsque le premier animal passe à côté d’elle, les pétales tombent et la tige se met à grandir, grandir, grandir… La fleur s’est métamorphosée en un petit être merveilleux, mi-lutin, mi-sorcièrarton333e. Point de longue barbe grise hirsute, point de pustules, point de nez crochu. Une magnifique jeune femme au sourire en demi-lune habillée d’une robe qu’elle aime faire tournoyer comme une toupie. A son réveil, elle salue les oiseaux, les arbres, les fleurs et tous les êtres de la forêt. Elle s’émerveille de ce spectacle bucolique. Un scarabée teinté de rouge et de bleu, un escargot à la carapace vitrée, une fleur violette en forme d’abeille. Tout est enchantement pour cette amie de la forêt. Comblée de joie, elle se met à rire aux éclats, de sa voix haut perchée et musicale. Soudain, toutes les feuilles de l’arbre solitaire se mettent à remuer de concert. Leur frissonnement ressemble à mille minuscules gouttes d’eau qui tomberaient du ciel en même temps. Cette délicate musique donne envie au petit lutin d’embrasser l’arbre pour ressentir toute sa force. Des oiseaux viennent se poser sur une des plus belles branches : ils se font la cour. La femelle siffle doucement, tandis que le mâle déploie ses ailes et laisse apparaître ses plumes multicolores. La jeune femme escalade maintenant le tronc robuste quelque peu noueux, puis reste assise un moment pour contempler les oiseaux et le paysage radieux qu’elle apprécie tant. Un peu plus loin, les arbres semblent former des cathédrales de leurs branches entrelacées, coule une rivière muette, et la nuit, la lune traverse l’épaisse toiture de verdure. Plus tard, elle continue l’ascension jusqu’à la cime, puis disparaît dans les nuages pour ne revenir que le lendemain à l’aube.

Longtemps, les hommes ont cherché ce lieu. Pour y parvenir, ils ont accompli les plus grands exploits, parcouru les océans, les airs, gravi les plus hautes montagnes, mais aucun de ces aventuriers n’a réussi à rompre la quiétude de cet eden. Cependant on raconte qu’un fou sur la colline l’aurait trouvé dans le regard de la personne qu’il aime.

Dessin : Sylvaine Ayache

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