Malnutrition infantile en Afrique : vers des solutions

Voilà dix ans que le Plumpy Nut est distribué dans les pays africains. Cette pâte prête à l’emploi composée d’arachides, d’huile, de sucre, de lait et d’oligo-éléments et emballée sous-vide contient un apport calorique de 500 kC. Très nutritive, l’OMS la recommande pour traiter les cas de malnutrition sévère chez les enfants de 0 à 6 ans. L’ONG française Médecins sans Frontière s’occupe en grande partie de sa distribution. Son gros avantage est de permettre la prise en charge des enfants sans hospitalisation. Sur 45 000, 91 % auraient été guéris, se félicite l’association. Malgré son nom, la « cacahuète dodue » a été inventée par une entreprise française, Nutriset. Aujourd’hui, au Niger, en RDC et en Ethiopie, l’entreprise fait appel à des filiales pour produire la pâte sur place. En Afrique, le « Plumpy Nut » est distribué gratuitement aux populations locales, pendant des périodes courtes (un mois en moyenne). Les enfants atteints de malnutrition sévère reçoivent deux sachets par jour. Même si MSF se vante les mérites du Plumpy Nut, la stratégie de l’assiociation ne plaît pas à tout le monde. L’été dernier, le gouvernement du Niger a interdit à la section française de l’ONG d’exercer dans le pays.

Pour Pierre Ancel, « le Plumpy Nut est « le Mcdo » de la nutrition ». Cet ancien ingénieur français a développé au Burkina Faso des fermes de spiruline, une algue très riche en nutriments. Contrairement à la pâte de cacahuètes, la spiruline n’est pas un substitut d’aliment, mais seulement un complément. Les petits Burkinabés la mélangent avec du mil et du lait. D’après son principal défenseur au Burkina Faso, l’algue « redonnerait de l’appétit aux enfants ». Pierre Ancel reproche aussi aux ONG de distribuer le Plumpy Nut gratuitement. « Si on donne quelque chose à quelqu’un, il n’a plus de valeur pour les gens qui le reçoivent ». La spiruline produite dans les fermes du Burkina est vendue à très bas prix aux populations nécessiteuses. Pour que son commerce soit rentable, Pierre Ancel vend également sa production aux Européens. Un produit de luxe dans ces contrées qui protégerait de certains cancers. Au Burkina Faso, il existe 8 fermes de taille très variable. La plus petite emploie une seule personne ; la plus grande, 20. D’autres ont vu le jour au Bénin, au Togo, au Mali, au Niger et au Sénégal.

Le Français croit dur comme fer à l’efficacité de la spiruline, malgré le désaccord des éminents nutritionnistes de son pays. « J’espère qu’un jour, une centaine de fermes fonctionnent, mais il en faudrait plus d’un millier pour répondre aux besoins ». Le gros avantage de la spiruline est de fournir des protéines et des lipides d’excellente qualité et beaucoup de vitamines. Autre caractéristique : il faut quatre fois moins d’eau que le soja pour obtenir la même quantité de protéines. « Contrairement au Plumpy Nut, la spiruline est un produit naturel qui ne nécessite aucun additif extérieur. Ça ne sert à rien de tout importer d’Europe : il faut produire sur place en faisant travailler les populations locales ».

Pierre Ancel est dans une logique de développement durable : l’ingénieur essaie de former des villageoises à la culture de l’algue « magique ». Admiratif du Burkina Faso pour son courage, le Français vit la moitié de l’année là-bas. Sa démarche reçoit le soutien du Ministère de la Santé burkinabé.

Paru dans Maroc Hebdo

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