Olivier Masurel

L’allure élancée, les cheveux en pétard, le regard émerveillé, Olivier Masurel donne l’impression d’être né pour toucher le ciel. Destin accompli, puisque le jeune homme n’a que 26 ans, et vient d’être sacré champion du monde de voltige aérienne par équipe le mois dernier, à Grenade, en Espagne. La France n’avait pas remporté un tel titre depuis sept ans. Il a de quoi être fier, surtout que les adversaires étaient redoutables, et que c’était la première fois que le jeune Palois se présentait à un tel championnat. Entre les Russes, très expérimentés, et les Espagnols, tenaces, le combat était de taille. « La voltige aérienne s’appuie sur le système de notation du patinage artistique.

Les juges notent aussi bien les compétences techniques (précision, synchronisation, difficulté) que celles artistiques (originalité, rythme, harmonie) », explique Olivier Masurel en vrai pédagogue. C’est dans le libre intégral qu’un pilote montre toute sa palette. Il a quatre minutes pour enchaîner des figures difficiles aux noms poétiques : vrilles, ruade ou double éventail. Aux commandes, pas question d’être dans les nuages, il doit garder les pieds sur terre. « Le vol demande de gérer le stress, le vent et les effets d’optique dus à la vitesse », déclare le jeune homme qui excelle dans cette discipline. A Grenade, il est arrivé deuxième, juste derrière son coéquipier Renaud Ecalle. Ses enchaînements dans son bel avion rouge (modèle Cap 232) ont séduit les juges. Il faut dire que le jeune homme a été formé au Pau Pyrénées Air Club (PPAC), tout comme les anciens champions du monde, Eddy Dussau et Sylvie Breton. Ces deux anciens enseignent toujours là-bas. Le PPAC serait-il un laboratoire à champions ? En tout cas, Olivier Masurel a reçu le soutien de la Ville de Pau, de la Fédération Nationale Aéronautique, des Conseils Général et Régional et de l’entreprise Locavions Aéroservices qui prête les engins. Ses soutiens sont essentiels, lorsqu’on sait qu’une heure de vol coûte 380 euros. A peine sorti du championnat du monde, le jeune pilote et son équipe se préparent pour les Jeux Mondiaux de l’Air de Turin en 2009. Cette compétition regroupe toutes les disciplines aériennes du parapente à la voltige aérienne. Pour l’occasion, les pilotes suivent des stages de cinq jours au sein d’aéroclubs à Marmandfe, Jonzac ou Tarbes, financés en grande partie par la Fédération Nationale Aéronautique.

L’aviation, une passion depuis toujours Olivier Masurel aurait-il été envoûté par la magie de l’écriture de Saint-Exupéry ? « Pas vraiment », répond-il. Bien sûr, comme tous les enfants, il a dévoré « le Petit Prince », mais le petit Olivier était surtout « un passionné d’aéromodélisme ». « J’aimais faire voler et piloter à l’aide d’une télécommande mes maquettes », raconte l’enfant devenu grand. Aujourd’hui, il a concrétisé son rêve : il est devenu un vrai pilote, sans rejoindre l’armée. La guerre, c’est pas son rayon. Il laisse ça à Maverick, le héros du film « Top Gun » incarné par Tom Cruise. Même les numéros de la Patrouille de France du 14 juillet le laissent de marbre. Olivier Masurel n’a rien d’un guerrier : il ressemble plus à Porco Rosso, le personnage imaginé par Hayao Miyazaki, la tête de cochon et le ventre en moins. En plus de piloter comme lui un aéroplane rouge, il aime se sentir libre, tel un oiseau qui plane haut dans le ciel.

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