Représentativité des femmes dans les conseils communaux : un petit pas vers la parité

Qui a dit que les femmes ne s’intéressaient pas à la politique ? Au forum féminin du Parti Travailliste organisé à Rabat le dimanche 22 mars, la salle de conférence du Ministère des Transports et de l’Equipement était comble. Certes, le lieu est de capacité modeste (500 places tout au plus), mais la plupart des personnes présentes étaient des militantes du parti. Venues des quatre coins du Royaume en minibus, y compris du Sahara, vêtues d’un voile ou non, de tous les âges, ces femmes devraient représenter la formation de centre-gauche aux élections communales de juin 2009. Après un long discours d’Abdelkrim Benatiq, le secrétaire général, Rachida Ait Himmi, membre du bureau politique et avocate au barreau de Rabat, a pris la parole à son tour. Elle représentait déjà le PT aux dernières législatives à Salé. Convaincue que la femme peut changer le visage de la politique au Maroc, car elle est « plus sérieuse et plus honnête » et constatant le faible taux de représentativité de la gent féminine dans les conseils communaux après 2003, 0,56 %, l’avocate a rejoint le parti d’Abdelkrim Benatiq dès sa création, le 18 mai 2006. Actuellement, seulement 127 femmes occupent un siège de conseillère communale et une seule est maire. Il s’agit d’Asmaà Chàabi, présidente de la commune d’Essaouira. Il y a donc beaucoup de progrès à faire en matière de représentativité des femmes au niveau local.
Dans ce sens, un accord a été passé entre l’Etat et les partis politiques pour garantir 12, 08 % de femmes sur les listes aux élections communales. Un bon début, mais « pour que la participation féminine ne soit pas que symbolique, il faudrait au moins 35 % de femmes dans les partis », souligne Fouzia Assouli, secrétaire générale de la ligue démocratique des droits de la femme, en justifiant que ce chiffre repose sur des conclusions d’experts.
Pour inciter les partis à promouvoir la gent féminine dans leurs statuts et sur les listes dans les élections, le gouvernement veut mettre en place un fonds de soutien de 10 millions de dirhams. Mais pour le moment, ce projet reste flou : « la procédure n’est pas encore publiée », précise Fouzia Assouli. Il devrait être formé d’un comité tripartite composé du Ministère de l’Intérieur, des partis politiques et des membres de la société civile.
Aux prochaines communales, les Marocaines pourront aussi se présenter sans étiquette. Même sans appartenance politique, beaucoup de femmes ont acquis de l’expérience à travers leur travail associatif ou leur métier d’avocate, enseignante ou d’ingénieur.
Néanmoins, passer du milieu associatif à la scène politique n’est pas chose aisée. Il faut consolider les acquis dans le domaine juridique et institutionnel. Pour ce faire, les branches marocaines de l’International Republican Institute et le National Democratic Institute for International Affairs se sont associés pour lancer une campagne de formation des femmes dimanche 22 mars en vue des élections communales. « Nous voulons démystifier la campagne électorale. Il y aura plusieurs femmes qui vont se présenter pour la première fois, et qui ne savent pas par où commencer.  La formation est plutôt comme un guide. Nous allons présenter la campagne électorale comme si c’était un projet où l’on fait appel aux techniques de management. Souvent quand un ou une candidate se présente pour la première fois, il est submergé par la quantité de travail et les tâches à accomplir. Cette formation va les aider à traduire cette opération sous forme d’étapes manageables, et leur montrer les éléments sur lesquels elles doivent se concentrer », explique Jamie  Tronnes, directrice résidente de l’IRI. Les futures candidates, encartées ou non, seront formées gratuitement par une vingtaine de Marocaines expérimentées. L’IRI s’occupera du Nord du Royaume, tandis que le NDI se chargera de la partie Sud.
Quels que soient les candidats, hommes ou femmes, les partis devront tout faire pou séduire les citoyens pour qu’ils se rendent aux urnes. En 2003, seulement 54,16 % des  inscrits  sur les listes électorales ont exprimé leur suffrage. Dans les grandes provinces comme Casablanca -Anfa, Tanger – Assilah, Rabat, Fès – Medina ou Marrakech – Medina, la participation avoisinait les 35 %. La responsable de l’Association Démocratique des Femmes du Maroc, Khadija Rebbah, rappelle que les femmes votent en moyenne autant que les hommes et même un peu plus parfois (51 %). Alors pourquoi il y a eu si peu d’élues en 2003 parmi les 6024 candidates ? Les femmes apparaissaient en fin de liste ou dans des circonscriptions avec un faible taux de réussite. Il incombe donc aux partis d’attribuer à leurs candidates une place éligible sur leurs listes aux communales et ne pas se contenter du quota des 12 %.

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