Une conduite vaseuse à Saint-Jean-Cap-Ferrat

Saint-Jean Cap Ferrat fait partie des communes du littoral n’ayant pas de station d’épuration. Un long tuyau rejette les torrents de merde et de lessive dans les eaux bleues de la pointe de la Causinière, là où les plongeurs aiment bien explorer les fonds. En temps normal, l’émissaire déverse les eaux usées à 500 m de la côte et à 100 m de profondeur. Seulement, voilà, depuis février, la conduite est en train d’être reconstruite, pour un coût de 3,1 millions d’euros. La mairie a souhaité suspendre les travaux depuis le 21 juillet : un arrêté municipal interdit les activités entraînant des nuisances sonores pendant la période estivale. Ils reprendront le 17 septembre et devraient s’achever à la fin octobre.

Pour le moment, l’émissaire comporte une grosse fuite à 75 m, sur la zone enterrée. Les eaux de baignade sont-elles souillées ? Stéphane Bousquet, directeur de l’assainissement à la CANCA, assure que non : « la thermocline (limite entre les eaux froides profondes et les eaux de surface – NDLR) piège les rejets. Ainsi, ils ne remontent pas à la surface. » Depuis 5 ans, l’émissaire de Saint-Jean-Cap-Ferrat qui date de 1975 ne cesse d’être réparé. En 2003, la conduite s’éventre sur 8 mètres à 100 m des côtes et en 2006, les chaînes qui tiennent l’émissaire en place avaient été cisaillées. Jacques Peyrat avait autorisé Stéphane Bousquet à déposer une plainte. Alors pourquoi ne construit-on pas de station d’épuration sur la presqu’île ? Un projet avait été émis, mais il ne respectait pas les contraintes imposées par la loi littoral et entraînait trop de désagréments pour la population locale. Après que le Conseil d’État a cassé le jugement du tribunal administratif de Nice en 2003, le projet est tombé à l’eau. Aujourd’hui, Saint-Jean-Cap-Ferrat et les autres communes du littoral à l’est de Nice appartenant à la CANCA ainsi que la Turbie comptent se relier à la station d’épuration Haliotis de Nice. Les tracés sont connus et validés : la conduite de raccordement passera sous la basse corniche. Les travaux ne commenceront qu’en 2008 (après les municipales) et devraient s’achever en 2010. Le coût total de l’opération ? 30 millions d’euros. Les élus ont pris cette décision en 2005.

Normalement, les communes du littoral entre Nice et Menton auraient dû trouver une solution au traitement de leurs eaux usées avant 2000, dernier délai, selon la loi. Rien n’a été fait. Pourquoi avoir attendu si tard ? Bien sûr, la station d’épuration et l’attente de la légitimité du projet sont en grande partie responsables. Mais au fil des ans, le dossier assainissement de Saint-Jean est passé de main en main. D’abord, géré par le SIVOM de Villefranche-sur-Mer, c’est finalement la CANCA qui s’en empare en 2003.

Paru dans LE PATRIOTE

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