La médina de Tétouan doit devenir une priorité

Pour tous les Marocains et les étrangers, Tétouan est une étape incontournable. Ils aiment flâner dans la ville de la « blanche colombe », vieille de 10 siècles, qui n’a rien perdu de son charme andalou. 42 quartiers font ou vont faire l’objet d’une réhabilitation. 20 sont concernés par l’assainissement, l’électricité et les espaces publics. Les 22 autres vont être équipés de structures socio-culturelles. Pour ce faire, la commune urbaine a lancé un programme global de réhabilitation en janvier 2006 sur 10 ans en collaboration avec le Ministère de l’Urbanisme et le Fonds des travaux de gestion déléguée des secteurs de l’eau, d’électricité et de l’assainissement liquide. Pendant cette période, les pouvoirs publics devraient débloquer 530 millions de dirhams.
Dans l’ancienne médina, c’est le patrimoine architectural qui doit être préservé. Les autorités comptent aujourd’hui plus de 500 bâtiments délabrés mais habités dans les 56 ha de la vieille cité. La commune urbaine et le ministère de la Culture s’intéressent à la restauration des monuments en particulier les « mazzmoras », des anciens silos souterrains réaménagés en prisons pour les Espagnols et les Portugais au 18e siècle. Dans l’un d’eux, les détenus avaient construit une église pour exercer leur culte. L’ancien réseau d’alimentation en eau, Shkundu, devrait aussi faire l’objet d’une rénovation. Fiertés des Tétouanis, les Shkundus qui datent de plus de trois siècles fournissent l’eau des foyers et des nombreuses fontaines qui font le charme et la gaieté de la médina.
Déjà les travaux ont commencé : depuis six mois, les imposants remparts crénelés percés des sept portes sont en cours de rénovation. Le ministère de la culture et la commune urbaine ont consacré 20 millions de dirhams à la réfection des murailles. La Junta de Andalucia, participe également à la restauration de certaines ruelles de la médina, car le gouvernement régional andalou reste attaché à son Histoire.
Pour mener à bien ses projets, la commune urbaine travaille en étroite collaboration avec les acteurs de la société civile, en particulier les associations comme Tetouan Asmir, qui a pour but de sensibiliser à la préservation de l’ancienne médina et de soumettre aux pouvoirs publics des suggestions pour les restaurations des bâtiments vétustes ou précieux. Abdessalam Chaechoe, un des responsables, regrette qu’on veuille remplacer les pavés des ruelles par du béton : « les pavés permettent à l’eau de s’infiltrer dans le sol et de nous prévenir des inondations, alors que le béton est imperméable », explique-t-il. Parmi les bâtisses prioritaires pour l’association, figure les tombes des Moujahidines datées du 16e siècle. Tetouan Asmir aimerait qu’une ONG uniquement dédiée à la sauvegarde de la médina soit créée comme à Fès, car même si Tétouan Asmir se consacre énormément à l’ancienne ville, l’association lutte sur plusieurs fronts : l’alphabétisation des jeunes et adultes, la réinsertion des drogués dans la vie sociale, l’assistance aux personnes malades et handicapées… Même si la médina de Tétouan est inscrite au patrimoine mondial depuis 1997, l’Unesco n’a jamais financé de travaux de restauration. En revanche, l’organisation internationale a signé un accord de partenariat avec la bibliothèque du Congrès américain pour la numérisation des bibliothèques. Le 22 avril 2009, aura lieu une réunion à Paris. Un représentant de Tétouan Asmir sera sur place pour promouvoir le patrimoine écrit de la ville de la blanche colombe. « Il existe à Tétouan, 8 bibliothèques privées aux collections très riches : il faut aussi préserver la richesse de ce savoir », argumente M. Chaechoe.
Tétouan Asmir a également fait appel à l’association mondiale des médinas pour que sa réunion annuelle ait lieu à Tétouan. Pour faire découvrir l’ampleur de ces connaissances des sages de Tétouan, le ministère des Habbous a eu l’idée de réhabiliter la mosquée Loukach en musée de la religion et de la spiritualité. Cette étape sera sûrement un endroit-clé sur les itinéraires touristiques pour le moment en projet. « Beaucoup de touristes ne sont que de passage : ils s’arrêtent un jour ou deux à Tétouan puis vont à la mer ou à la montagne », constate Mehdi Ezzouak, délégué régional du Ministère de la Culture à Tétouan. La médina de Tétouan doit donc devenir une priorité pour les pouvoirs publics, car comme le souligne Toumader Khatib, chercheuse en sciences politiques et conseillère de Tétouan Asmir, « la culture peut être une source de revenus considérable, le moteur d’un véritable développement économique ».

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