Présidentielles américaines 2008 : une élection historique

 

Mardi 4 novembre au soir, dès 23 h, les Américains connaissaient le nom de leur 44e président. La victoire revenait au sénateur de l’Illinois, Barack Obama. Bien que certains états n’aient pas été encore décomptés, le jeune métis de 47 ans avait largement dépassé les 270 grands électeurs requis pour remporter l’élection. Le démocrate entrera en fonction le 20 janvier prochain.

Comment expliquer un tel score? Barack Obama a largement profité des votes communautaires. Dans l’Ohio qui compte 20 grands électeurs, 97% des Noirs ont voté démocrate (84% en 2004). De même, la Virginie (13 grands électeurs) passe pour la première fois du côté bleu, grâce en partie au vote noir presque unanime (97% des Noirs ont voté démocrate). Le processus d’identification a fonctionné. Pour eux, Obama incarne la solution aux problèmes de ségrégation raciale. En Floride et au Nouveau-Mexique, le démocrate a bénéficié du vote des “Latinos” qui pourtant, votent traditionnellement en majorité pour le camp républicain. Mardi dernier, dans ces états, respectivement 57% et 65% d’entre eux ont choisi Obama. Le candidat démocrate a aussi profité dans plusieurs états du vote des femmes. Quelle ironie pour son adversaire qui avait choisi comme vice-présidente une femme, d’autant plus que c’était d’ailleurs la première fois qu’un candidat faisait ce choix. Les moins de 65 ans ont également majoritairement voté démocrate.

Dans certains de ces états, la victoire a été très serrée. Hasard du calendrier, la crise des sub-primes a éclaté en pleine campagne présidentielle. Confiant, John McCain a fait l’erreur de soutenir le système financier actuel, sans émettre de critiques. Dans un contexte où les bourses du monde entier étaient en chute libre, Barack Obama n’a pas oublié de rappeler au républicain sa position, si bien que le candidat démocrate paraissait aux yeux de la majorité des Américains plus à même de trouver une solution à la crise financière actuelle.

Barack Obama peut aussi remercier ses “bienfaiteurs”. Sa campagne aurait coûté plus de 600 millions de $. Mais le plus frappant, c’est que, malgré cette somme astronomique, Barack Obama en fin de campagne et largement en tête dans les sondages, ne savait plus comment utiliser son argent, si bien qu’il a fait réaliser un publireportage de 30 min sur lui et le rêve américain. D’où provient tout cet argent? Le candidat démocrate avait dans sa garde rapprochée le génie informatique Chris Hugues. Cofondateur du réseau social Facebook, le jeune homme de 24 ans a profité de son site pour promouvoir Barack Obama. Il a créé deux profils officiels à l’image du sénateur de l’Illinois et de sa femme, en ajoutant quelques détails sur leur vie privée (photos, préférences culturelles…) pour donner un côté authentique, plus un autre réservé aux étudiants. En parallèle, l’informaticien crée un nouveau site “my.barackobama.com” relié aux profils par une application et sur lequel les internautes peuvent faire un don de 30 à 2300 $ pour soutenir la campagne d’Obama. Grâce aux dons de 3 millions de “supporters”, le parti démocrate récolte environ 200 millions de dollars. Jamais dans l’histoire des Etats-Unis, un candidat n’avait réussi une telle performance. La campagne du démocrate a été largement “soutenue” par Jeffrey Katzenberg, cofondateur des studios Dreamworks. D’après le journal français Bakchich, le producteur aurait reversé plus de 110 000 dollars aux différents comités de campagnes, spécialement créés pour l’occasion, par le biais de ses trois enfants, après avoir donné lui-même le maximum possible (28.500 $) à chacun de ses comités.

Si Obama a mené une campagne exemplaire d’un point de vue de la communication et méritait donc de gagner, le comportement de son adversaire a également été remarquable par son “fair-play”. Lors de sa défaite, il a félicité le démocrate pour sa victoire, malgré les huées de certains de ses partisans et lui a proposé ses services.

Finalement, la campagne électorale des présidentielles américaines ressemble à une superproduction hollywoodienne, avec ses cris de joies, ses larmes, ses coups bas, la victoire des “gentils”, “les méchants qui deviennent gentils” et bien sûr, son budget colossal. Un grand show à l’américaine qui se termine par un “happy end”.

Paru dans BUCAREST HEBDO

 

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