Des morts bien mystérieuses

Dans un grand stade, Michael Jackson vole dans les airs, atterrit dans un halo de lumière avant de s’en emparer. Ce spectacle, personne le verra jamais. Le Roi de la pop est mort : il a succombé brutalement le jeudi 25 juin 2009 d’une crise à l’âge de 50 ans. Michael Jackson a eu une vie unique et finalement plutôt secrète : le « mutant » mi homme, mi femme, mi noir, mi blanc, mi adulte, mi enfant, a fait beaucoup parler de lui. Le chanteur serait un pédophile ? Non, il a été acquitté lors de son procès et le petit Jordan, l’enfant qui avait porté plainte contre lui en 1993 pour « attouchements sexuels » a reconnu mardi 30 juin 2009 avoir menti sous la pression de son père et extorquer des sous à la vedette. Au moins, sa mort aura eu le mérite de lever le voile sur une partie de sa vie.

Mais comme beaucoup de chanteurs, Michael Jackson qui se préparait pour sa prochaine tournée n’échappera pas à la thèse du complot. Alors qu’on vient d’apprendre les résultats de sa première autopsie, sa famille en a demandé une seconde. La thèse de l’overdose de médicaments ne satisfait pas tout le monde. N’y a-t-il pas quelqu’un dans son entourage qui pourrait tirer profit de cette mort subite ? Les billets pour sa tournée « This is it » qui se vendaient entre 58 $ et 124 $ ont rapporté plus de 90 millions de dollars à la société AEG, les promoteurs de la tournée. Elle se propose soit de rembourser intégralement les spectateurs, mais propose aussi à la place un billet « collector », avec des dessins conçus « par Michael Jackson ». Les fans, attristés par la mort de leur idole auront-ils l’audace de demander à être remboursés ou se satisferont-ils du cadeau d’adieu proposé par la société qui ne manque pas de cynisme ?

Le roi de la pop n’est pas le seul chanteur à être mort dans des circonstances mystérieuses. En juin 2009, James Wright, un ancien « roadie » de Jimi Hendrix a publié un livre remettant en cause la thèse officielle de la mort du virtuose connue à ce jour : d’après l’ouvrage, le génie d’Electric Ladyland a été assassiné par son manager, avec la complicité de la petite amie du chanteur. C’est le manager, lui-même, qui aurait informé Wright.

Le chanteur guitariste, officiellement mort « noyé » dans son vomi après avoir ingurgité des barbituriques et de l’alcool, a été l’un des premiers du club des 27. Ce drôle de nom n’est pas celui d’un cabaret branché, mais désigne une dizaine de musiciens, tous morts à l’âge de 27 ans, comme Jimi Hendrix. Robert Johnson, un bluesman américain, Brian Jones, fondateur des Rolling Stones, Alan Wilson, guitariste de Canned Heat, Janis Joplin, Jim Morrison, chanteur des Doors, et Kurt Cobain, chanteur-guitariste de Nirvana, en font aussi partie. Les cas des deux derniers illustrent parfaitement la théorie du complot dans le domaine de la musique, rock en particulier.

Le « frontman » des Doors meurt à Paris en 1971 et est enterré dans un des plus beaux cimetières de la capitale française sans même avoir été autopsié. Il aurait succombé d’une crise cardiaque, suite à une importante prise d’alcool et d’autres drogues, comme l’héroïne. D’autres pensent qu’il aurait été assassiné par le FBI, à cause de ses convictions politiques : Morrison s’est toujours opposé à la guerre du Vietnam. Certains fans illuminés prétendent que leur icône serait toujours en vie. Mais cette dernière hypothèse n’a rien de sérieux.

La mort de Kurt Cobain, plus récente, permet d’écarter toutes hypothèses délirantes. 15 ans après les faits, une poignée individus continuent à enquêter. Tom Grant, un détective privé proche de la famille du défunt dément formellement la thèse du suicide et pense que le rocker aurait été victime d’un homicide. Le chanteur-guitariste a été retrouvé mort d’une balle dans la tête, complétement défoncé avec une lettre adressée à son ami d’enfance imaginaire posée devant lui. Selon l’enquêteur qui met à jour un site avec toutes ses informations, la lettre n’est pas une lettre de suicide, mais une lettre de rupture pour sa femme : le jeune homme avait l’intention de divorcer. Deuxièmement, Kurt Cobain avait injecté le triple d’une dose létale d’héroïne : il aurait dû mourir avant de pouvoir se tirer une balle dans la tête. Troisièmement, aucune empreinte n’a été retrouvée ni sur le fusil, ni sur le stylo. Beaucoup d’éléments permettent la réouverture de l’enquête officielle, mais pour le moment, les autorités ne font rien : elles sont satisfaites de leurs précédentes conclusions.

Quoi qu’il en soit, les mystères qui se répandent sur les causes de la mort des icônes sont aussi le fruit des vies « exceptionnelles » de ces célébrités. A force de fabriquer des demi-dieux, les médias et en premier lieu, leurs fans oublient que ce sont de simples hommes avec leurs faiblesses. Sûr qu’il est plus glorieux de mourir tel un espion dans un coup monté, plutôt qu’étouffé dans son vomi. Néanmoins, toutes ces morts brutales profitent à un quidam proche de la victime. Le chanteur américain à la voix d’ange, Jeff Buckley, a produit 10 fois plus de disques à titre posthume que de son vivant, grâce à sa mère qui a su gérer sa carrière après sa mort. De plus, les maisons de disques en rajoutent, en sortant des rééditions anniversaire tous les 5 ans avec des morceaux inédits. Ce commerce postmortem est tout simplement abject : à quoi bon tirer profit d’un macchabée ? Enfin, si ça peut rassurer une poignée de fans en voyant leur idole à la tête des meilleurs ventes de disques, comme c’est le cas de Michael Jackson en France depuis sa mort. Il faut bien se consoler un peu.

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